SOLIDARITÉ AVEC AUNG SAN SUU KYI
Génésique. Féminologie III, des femmes-Antoinette Fouque, 2012 (Poche, 2021)
Intervention en tant que députée en Assemblée plénière du Parlement européen, pour demander la libération de Aung San Suu Kyi, opposante démocrate birmane, emprisonnée et/ou assignée à résidence presque continûment depuis 1989. En 1990, le parti qu’elle a créé a gagné les premières élections libres organisées dans le pays, mais ces élections ont été annulées par la junte militaire qui n’a pas voulu céder le pouvoir. Elle a été libérée le 13 novembre 2010 et élue députée lors d’élections partielles remportées par son parti, le 1er avril 2012.
Strasbourg, le 15 juin 1995
Notre parlement connaît bien Aung San Suu Kyi. Il lui a décerné en 1990 le prix Sakharov. En 1991, elle reçoit le prix Nobel de la paix, plus prestigieux encore. Et pourtant, depuis six ans, elle dépérit à Rangoon, capitale de son pays, prisonnière de l’une des pires dictatures de la planète. La junte militaire, le SLORC, n’hésite pas à la calomnier, prétendant tantôt que « ses discours séditieux incitent le peuple à des actes de violence », tantôt qu’elle va négocier secrètement dans des entretiens avec lui sa libération et un quelconque accord.
C’est tout le contraire. Selon le rapporteur des Nations unies, des soldats exécutent fréquemment des villageois après des jugements sommaires ou sans jugements, ils violent, ils torturent et ils pillent. Le rapporteur demande la libération immédiate et sans conditions de Aung San Suu Kyi.
Aung San Suu Kyi ne cède pas, ne négocie pas, ne trahit pas. Elle est vivante, elle lutte, elle nous appelle. Depuis le mois d’avril, toute visite ou tout contact avec sa famille lui sont refusés.
Lundi prochain, le 19 juin 1995, Aung San Suu Kyi aura cinquante ans. Elle sera entièrement seule, séparée du monde, de sa famille, et de tous ceux qui dans le monde partagent ses idéaux. Et, ironie de l’Histoire, les Nations unies fêtent elles aussi cette année leur cinquantième anniversaire. 1995, c’est enfin l’année de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes ! Jusques à quand, encore, cette femme-courage et son peuple pourront-ils supporter d’être bâillonnés et martyrisés ? Quand nous déciderons-nous à les aider fermement et réellement à faire triompher nos idéaux communs ?