NE PLUS ÊTRE UNE DIFFÉRENCE INTERNÉE
Géni(t)alité. Féminologie IV, des femmes-Antoinette Fouque, 2023
Texte publié dans Le Matin de Paris le 8 mars 1980, à l’occasion de la Journée internationale des femmes.
Antoinette Fouque, plus connue sous son prénom d’« Antoinette », est depuis longtemps l’animatrice de la maison d’édition des femmes, de l’hebdomadaire du même nom, et, au-delà, du groupe Psychanalyse et Politique.
« Une voix, la mienne, ce n’est rien par rapport aux millions de voix des femmes du 8 Mars. Nous sommes des milliers à avoir préparé ce 8 Mars, à nous être enthousiasmées pour communiquer de la force d’un pays à l’autre, d’une région à l’autre. Le monde entier, oui, mais aussi le plus petit village, ou d’un village à l’autre. Quelque chose de tellement pluriel que c’est « l’autre », c’est-à-dire la seule voie pour exister. C’est seulement quand on existe, quand on se libère de la domination de l’autre sexe ou de la domination des pouvoirs, que l’on peut rencontrer l’autre sexe, l’autre peuple. Nous sommes un sexe et un peuple qui ne voulons pas alimenter, par notre corps et nos voix, les vampires des États. Nous sommes des femmes, et la libération des femmes sera l’aube de l’hétérosexualité : car pour qu’il y ait deux sexes, il faut que les deux sexes existent. Quand il n’y en a qu’un, il n’y a pas d’autre. Nous ne serons plus, nous ne voulons pas être une différence internée. »