Production de vivant-parlant

« La production génitale (c’est-à-dire la production de vivant-parlant ou l’anthropoculture dont la charge et la responsabilité reviennent, aujourd’hui encore et dans le monde entier, en presque totalité aux femmes) semble étrangement reléguée à l’arrière-plan dans l’échelle des valeurs symboliques et culturelles où règne, en souveraine absolue, l’organisation prégénitale du petit garçon, dans laquelle le sadisme et l’érotisme anal jouent le rôle conducteur. »

(Il y a deux sexes, in Il y a deux sexes. Essais de féminologie, édition revue et augmentée, Gallimard, 2004)

« « Notre corps nous appartient » était l’une des premières affirmations du Mouvement des femmes en France dans les années soixante-dix, la condition de notre libération. Plus tard, le 6 octobre 1979, pour exiger la reconduction de la loi Veil et le remboursement de l’I.V.G., nous avons défilé avec une banderole où j’avais tenu à inscrire « L’utérus est aux femmes, l’usine est aux ouvriers, la production de vivant nous appartient ». Ce slogan a suscité bien des polémiques ; pourtant, c’est bien aux femmes qu’il appartient de produire, ou de créer, le vivant. »

(Notre corps nous appartient, in Il y a deux sexes. Essais de féminologie, édition revue et augmentée, Gallimard, 2004)

« D’autre part, les sommer de mettre des enfants au monde, c’est-à-dire de fournir la ressource humaine, la force de travail ‑ ce qu’on appelle aussi, suivant les circonstances « la chair à travail », ou « la chair à canon » ‑, alors que ce travail de renouvellement des générations, cette production de vivant n’est aucunement prise en compte dans la production de la richesse, c’est les soumettre à une procréation esclave. »

(Le retour de l’ordre moral, in Il y a deux sexes. Essais de féminologie, édition revue et augmentée, Gallimard, 2004)