Triple production (Trois fois travailleuses)

« Il ne s’agit évidemment pas de revendiquer un salaire maternel, mais de refuser la dissociation entre femmes déclarées actives ou inactives, de refuser l’exploitation éhontée de celles qui font les enfants, et de poser le concept de triple production des femmes, en majorité trois fois travailleuses dans notre société ; il s’agit de prendre en considération la grossesse dans ses dimensions économique et sociale, mais aussi éthique et universalisante. »

(Il y a deux sexes, in Il y a deux sexes. Essais de féminologie, édition revue et augmentée, Gallimard, 2004)

« Puis j’ai constitué très vite, en 1982, un syndicat inédit, la Confédération Syndicale Des Femmes (CSDF). L’idée était de faire apparaître que les femmes sont trois fois travailleuses : la plupart ont ou devraient avoir une activité professionnelle, toutes ont une activité domestique non rémunérée, et une énorme majorité font des enfants. Quand une femme travaille, qu’elle soit institutrice, postière, ouvrière ou polytechnicienne, elle supporte en plus la charge domestique, et elle est seule à être enceinte pendant neuf mois.

Les féministes voulaient bien voir la double journée de travail des femmes, mais ne voulaient pas entendre parler du travail de gestation. J’y tenais, du point de vue économique mais aussi politique et surtout symbolique. »

(Qui êtes-vous ? Antoinette Fouque, entretiens avec Christophe Bourseiller, Bourin, 2009)