Matérialisme charnel

« L’expérience génésique est celle du plus intime et du plus universel de notre espèce. … Exit la Création métaphysique, la théo-technologie, le libéralisme dématérialisant, la libido unique du Père-Maître dominant. S’avance la libido creandi, matérialisme charnel, philosophie politique du vivant-pensant. Ils (de Sénèque à Attali, en passant par Mauss et Michéa) oublient tous la procréation comme paradigme du don et de la création. Don de vie et création d’enfants (« créatures » dans les langues du Sud). « Donner, recevoir, rendre ». Changement de logiciel, de méthode. Exit la Miséricorde Divine. S’exprime la générosité utérine de concevoir l’autre en soi et de s’en séparer pour qu’il-elle naisse. Exit le Pouvoir. S’annoncent les pouvoir faire. Exit la Genèse. S’annonce, sans messianisme, la génésique laïque, humaine, œuvre de femme et d’homme. Œuvre géni(t)ale, œuvre d’être. »

(Fécondités, in Gravidanza. Féminologie II, des femmes-Antoinette Fouque, 2007)

« Il s’agit de sortir d’un logiciel d’accumulation, de capitalisation, de matière morte, pour aller vers la matière vivante, la matière charnelle. Mettre la libido phallique en conjugaison avec la libido matricielle : avoir, savoir, pouvoir, oui, en verbes auxiliaires et non pas en buts ; en moyens de l’expression génitale ou géniale des deux sexes et des deux corps, des deux chairs. La pensée femme est, pour moi, une pensée de la géni(t)alité, de la gestation, qui ne peut exister que conjuguée à la pensée homme : c’est le génie de l’humanisme, c’est l’humanisme de génie. »

(Qui êtes-vous ? Antoinette Fouque, entretiens avec Christophe Bourseiller, Bourin, 2009)