Différence internée

« Je disais qu’au moment de ma grossesse, en 1964, la gestation avait déclenché chez moi un mouvement de pensée autour de la différence des sexes. La procréation m’est apparue comme l’enjeu d’une action à mener : une action non seulement idéologique, mais surtout symbolique. C’est ce que Mai 68 a rendu possible et surtout efficace : l’engagement dans une action politique pour transformer les mentalités, opérer cette révolution de soi(e), conquérir des droits et lutter contre des discriminations qui, à mon sens, émanaient de ce noyau de différence.  (…)

Un des premiers points de cette révolution a été de s’opposer à la tradition socialiste et féministe de l’entre-deux-guerres, pour laquelle l’émancipation consistait à s’intégrer à la République laïque, se consacrer à la vie professionnelle, à l’enseignement ou à l’écriture, à la sexualité aussi. Cette intégration à un modèle homosexué par le biais d’une différence internée m’apparaissait comme une amputation. »

La gestation pour autrui, paradigme du don, in Génésique. Féminologie III, des femmes-Antoinette Fouque, 2012 (Poche, 2021)

 

«  J’ai dit que le Mouvement s’était situé dès sa naissance par externement, à partir d’une « exclusion internée », pour reprendre le concept derridien ; l’apparition d’une différence se fait par l’extraction de l’Un dans lequel la différence est internée. Dégager une différence libidinale n’est pas dégager une différence sexuelle. L’élaboration d’une libido autre que phallique met en jeu la question du refoulement du corps, de son impérialisation par le sexe. »

Gravida, in Gravidanza, Féminologie II, des femmes-Antoinette Fouque, 2007 (Poche, 2021)

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