LE GÉNIE DES FEMMES ET LA DÉMOCRATIE

juin 1992 | |

Gravidanza. Féminologie II, des femmes-Antoinette Fouque, 2007 (Poche, 2021)

Communication faite à Rio de Janeiro le 6 juin 1992, au forum des ONG du Sommet de la Terre, lors d’une table ronde sur l’éthique qui réunissait Shirley Mac Laine, Maria de Lourdes Pintasilgo, et Roziska Darcy de Oliveira, l’une des organisatrices de « Planeta femea ».

 

C’est au nom de l’Alliance des Femmes pour la Démocratie que je prends la parole, et je voudrais tout d’abord lancer un appel international en faveur de Aung San Suu Kyi, héroïne birmane, leader des démocrates de son pays, prix Nobel de la paix 1991, prisonnière depuis près de deux ans de la junte militaire, et pour la libération de qui nous luttons depuis neuf mois. […] Je m’excuse de ne pas m’exprimer dans la langue du Brésil qui nous accueille ; je le regrette d’autant plus que le brésilien est pour moi, et je le dis de tout mon cœur, la plus belle, la plus vivante, la plus charnelle, la plus femme, de toutes les langues. En revanche, je choisis de parler en français plutôt qu’en anglo-américain pour que les trois cents millions de francophones continuent à s’entendre dans une langue qui est celle de l’être plutôt que de l’avoir, de la culture plutôt que des médias, de la pensée plutôt que du slogan publicitaire.
Je viens donc de France, ce qui aujourd’hui signifie d’Europe. Il y a quelques jours Emmanuel Levinas, le plus éthique de nos philosophes vivants, disait, dans Le Monde, que l’Europe, c’était « la Bible et la Grèce »[1], qu’elle était le continent où sont nés, autour du bassin méditerranéen, les monothéismes et la démocratie. Ils y ont pris racine pour se déployer en une expansion permanente sur les cinq continents.
En ce qui nous concerne directement, nous les femmes, nous savons combien nos avancées depuis vingt-quatre années de luttes de libération comptent peu au regard de celles de plusieurs millénaires des trois monothéismes, judaïsme, christianisme et islam, qui s’allient, par différents intégrismes, en une incroyable « revanche de Dieu » et en un formidable backlash comme disent les Américaines, pour contester nos nouveaux droits. Sans même insister sur les reculs enregistrés ces dernières années de l’autre côté de la Méditerranée, je voudrais parler des reflux des droits des femmes dans nos démocraties du fait des monothéismes.
En Europe, la réunification des Allemagnes de l’Est et de l’Ouest a buté principalement sur le problème politique de l’avortement. En Irlande, tout récemment, une jeune fille de quatorze ans, enceinte et suicidaire à la suite d’un viol incestueux, s’est vu refuser par le gouvernement de son pays le droit d’aller avorter en Angleterre, alors même qu’une femme, Mary Robinson, est Présidente de la République. C’est la pression de la communauté européenne et des mouvements des femmes qui a fait céder les autorités[2]. En France et dans les pays du Sud qui se sont dotés d’une loi sur l’IVG – certains, comme le Portugal[3], n’en ont pas –, on voit s’affirmer dangereusement, avec l’extrême droite et la droite conservatrice, un ordre moral ultra répressif. En Pologne, enfin, l’interdiction absolue d’avorter est une des premières décisions de la nouvelle démocratie. Voilà comment les démocraties nous mettent dans des paradoxes difficiles à analyser et à travailler.

Comment nous, femmes, pouvons-nous penser ce couple Bible et Grèce, monothéismes et démocraties ? Il m’a toujours semblé que la fable de la Genèse était tout entière mise en substitution et en exploitation, c’est-à-dire en forclusion, de la gestation. Comme on sait, ce n’est pas Eve qui enfante l’humanité, elle est tirée de la côte d’Adam. La question de l’utérus est posée en creux tout au long de l’Ancien Testament, et Dieu ouvre et ferme les utérus des femmes à sa convenance, rend stérile ou fertile, avec une série de drames et de retournements autour de cette question de la fécondité des femmes et de la gestation.  Pour ce qui est du Nouveau Testament, Marie produit un fruit avec ses entrailles, mais elle est vierge. Dans les Evangiles apocryphes, elle est fécondée par l’oreille, et il s’agit d’une grossesse utérine anale. Elle reste vierge, mais la divinité lui est refusée ; elle est simplement une vierge sacrée comme Athéna ou la Diane des Éphésiens. On pourrait aussi questionner la résurrection du Christ et y voir un principe féminin et même femelle, une mimesis de la capacité d’engendrer la vie, mais à partir de la mort. De même qu’Adam s’approprie la compétence d’Eve, le Christ s’approprie celle de Marie : la compétence de vivant. De sa mort, il renaît, c’est le revenant, le retour du mort-vivant.
Les mythes fondateurs de nos démocraties qui continuent d’évangéliser ou d’impérialiser le monde, moins connus, fonctionnent sur la même forclusion : Zeus avale Métis enceinte et accouche par la tête d’Athéna tout armée. Elle sera la patronne des Athéniens, eux aussi amatrides et nés de la Terre. C’est le mythe de l’autochtonie[4]. Or ici, dans ce Sommet, il n’est question que des enfants de la Terre, et de la Terre comme sujet, comme corps vivant. À l’exemple de la démocratie athénienne, peut-être y a-t-il aujourd’hui dans ce sentiment écologique, quelque chose qui voudrait couper ces fils et filles de la terre de leur premier monde, ce corps de femme qui les a fabriqués.
Une représentation des Euménides d’Eschyle, à laquelle j’ai assisté juste avant mon départ, m’a confirmé l’évidence que la démocratie mythique est fondée sur un matricide et un non lieu quant à ce matricide. Oreste, fou d’avoir tué sa mère Clytemnestre – qui avait assassiné Agamemnon pour se venger peut être du sacrifice de leur fille Iphigénie – est innocenté par Athéna. Il retrouve son royaume et devient l’allié privilégié des Athéniens. Les Érinyes, déesses vengeresses du matricide, sont envoyées sous terre, entrent dans la loi, deviennent les Euménides, et perdent tout pouvoir ; exit le crime de matricide. Aujourd’hui encore l’article 64 du Code pénal français, dont Althusser a bénéficié pour le meurtre de sa femme « trop maternelle », énonce : « Il n’y a ni crime, ni délit lorsque le prévenu était en état de démence au temps de l’action ». Et j’ai le sentiment que la plupart des non-lieux prononcés sur la base de cet article 64 – mais il est difficile d’obtenir des statistiques sexuées – s’adresse toujours à quelque chose du matricide[5]. Pour en revenir aux Euménides, Apollon, venu à la rescousse d’Oreste, justifie son absolution, si j’ose dire, par le fait qu’il n’y a pas crime de sang, la mère n’étant selon lui que la nourrice du germe conçu par le mâle. Jason, dans la Médée d’Euripide, se demande comment se passer de l’utérus et de « la race des femmes », et dans Hippolyte Porte Couronne, le héros éponyme se plaint à Zeus de dépendre des femmes pour la naissance des enfants. Nulle part ailleurs est exprimée avec autant de clarté et d’arrogance la défaite mythique des femmes. Le modèle démocratique est hanté dès l’origine par la haine de la femme mère qu’il faut exproprier de son propre corps pour attribuer sa fécondité à la terre transformée en sujet. Mais dans la maçonnerie, un des piliers de l’avancée démocratique depuis la naissance de la République, si les quatre éléments ont une égale importance, au moment de certaines initiations, c’est la terre qui est laissée en dehors du temple de lumière.
La philosophie grecque, qui affiche le même mépris des femmes, ne cesse cependant d’exploiter la métaphore de l’accouchement ; la maïeutique socratique, l’enfantement des esprits, est bien connue de tous. Platon dématérialise la procréation pour mieux exploiter l’analogie entre conception intellectuelle et accouchement ; et pour lui comme pour Apollon, c’est l’homme qui engendre la race humaine. Si Aristote se veut plus matérialiste, il nourrit le même rêve d’une hérédité purement paternelle : la femme a sans doute un utérus et des ovules, mais elle est privée de sa capacité procréatrice, que seul l’homme peut lui donner.
Partout, la domination masculine se déploie, de la souveraineté de Dieu, à celle du Roi, puis à celle du Christ et du poète, dernier exploiteur du continent noir. La civilisation occidentale, c’est la Bible et la Grèce, et c’est aussi le primat du texte. Il est évident que l’écriture remplit cette fonction de venir à la place de l’utérus, le verbe se veut chair. L’écrivain ou le poète introjecte le modèle utérin mais reste très ancré dans le système phallique en deçà de la problématique véritable de la différence sexuelle.
Ces effets de monisme symbolique se lisent évidemment dans la psychanalyse pour qui, de Freud à Lacan, il n’y a de libido que mâle. Pourtant, toute l’œuvre de Freud est hantée par l’obsession de l’utérus. Pendant que sa femme se prépare à accoucher de leur fille Anna, il écrit à Fliess qu’il vient « d’accoucher » de l’interprétation des rêves. Et dans son rêve dit de la « préparation anatomique », il se fabrique un appareil psychique, un utérus de substitution à produire des rêves. L’appropriation de la gestation s’effectue avec un déplacement métaphysique : la découverte de l’inconscient est faite pour conserver le primat du verbe sur la chair. Freud qui, dans Vues d’ensemble des névroses de transfert, fait l’hypothèse qu’à l’ère glaciaire les hommes ont fondé leur développement sur la limitation de la « fonction génitale des femmes », n’en considère pas moins, dans l’Homme Moïse et le monothéisme, que la spiritualité, fondée sur l’écrasement de cette fonction et le refoulement du maternel sous le patriarcat, est un progrès dans la civilisation. Les femmes sont renvoyées à l’hystérie, contrariées, femmes gauchères, détournées d’elles-mêmes, contraintes au refus d’utérus. L’ingratitude vient redoubler, masquer l’envie : ce n’est plus l’homme qui est aux prises avec l’envie, mais la femme : l’envie de pénis est le cache de l’envie de l’utérus. Voilà la construction d’un mythe totalitaire.
Quand je parle d’envie, c’est au sens de Mélanie Klein, qui écrit dans Envie et Gratitude : « L’analyse de nos patients montre que le bon sein est le prototype de la bonté maternelle, de la patience et de la générosité inépuisable, ainsi que de la créativité. » Elle montre que cette envie est toujours associée à la destruction : « L’impulsion envieuse tend à s’emparer de cet objet ou à l’endommager. » Melanie Klein ajoute : « Comment ne pas évoquer ici l’expression “mordre la main qui vous nourrit” qu’on peut presque entendre ainsi : mordre, détruire et détériorer le sein maternel. »
Mélanie Klein a repéré l’envie à l’égard de la créativité de la mère, mais il faut maintenant penser les effets politiques de cette envie que sont, dans tous les champs, les violences réelles et symboliques infligées aux femmes. Je crois que c’est l’envie de l’utérus qui est au fondement de la haine des femmes, et que la misogynie est la racine de tous les racismes, qu’elle informe tous les rejets de l’autre, de la capacité à l’hospitalité de l’étranger, dans le corps comme dans la nation. Chaque année, des centaines de milliers de femmes dans le monde perdent la vie au moment où elles la donnent, faute de soins et d’accueil, une mort qui n’arrive qu’aux femmes. Les études d’Amartya Sen, brillant économiste d’Harvard, signalent que plus de cent millions d’entre elles ont disparu ces dernières années, pour des raisons complexes à analyser mais qui laissent supposer l’existence de ce que j’appelle un véritable gynocide permanent.
Juridiquement, le matricide n’existe toujours pas en tant que tel ; il reste un des aspects du parricide. Le préambule de notre Constitution ne nous reconnaît pas des droits « inaliénables et sacrés » comme c’est le cas pour les races, les religions et les croyances. Le droit à transmettre notre nom nous demeure interdit, ce qui nous exclut de toute filiation, de toute parentalité symboliques[6]. Nous n’avons toujours pas de loi contre la misogynie[7], malgré la ratification par la France de la Convention de l’ONU « contre toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes ». Une laïcité de l’égalitarisme et de la symétrie, neutralisant la différence des sexes, dénie la discrimination (avec le refus des quotas qui étaient pourtant le premier pas vers la parité) et pénalise la maternité (avec l’élargissement aux femmes du travail de nuit[8]).
Les chiffres de notre Observatoire de la misogynie, confirmés par ceux du ministère de l’Intérieur, montrent qu’en 1990, il y a eu 360 meurtres de petites filles, jeunes filles ou femmes, en raison de leur sexe, et deux millions de femmes battues. En 1991, les viols déclarés ont augmenté de 11% par rapport à 1990, et la violence à l’égard des femmes, coups, viols, meurtres, reste souvent impunie ou peu punie[9].
Moins que jamais, les femmes ont le contrôle de leur corps et de leur création propre. En même temps que les sociétés traditionnelles dénient la capacité des femmes, créatrices de vivant, elles continuent d’en faire une production esclave, et les sociétés avancées continuent de l’exploiter sur un mode techniciste, industriel et capitaliste. Les effets du refoulement de la génitalité des femmes sont infinis. La première colonisation est celle de l’utérus, mais comme le capitalisme en cesse de recycler, le phallocentrisme a sans arrêt de nouveaux territoires à coloniser pour se moderniser et s’enrichir tout en continuant à asservir et à exploiter le corps des femmes. Le patient déblayage que font les femmes, toutes leurs avancés, sont repris au fur et à mesure et réenfermés dans le phallocentrisme.
En France, pas plus qu’en Europe, en Occident ou en aucune des démocraties dites « avancées », il n’y a de justice et de liberté pour les femmes, puisque les fondements de nos démocraties et les principes des droits de l’Homme demeurent pervers. Notre démocratie, à l’image du phallocentrisme athénien s’est construite sans les femmes[10]. Démocratiser la démocratie, c’est sortir de l’obscurantisme, du religieux, pour entrer dans l’ère de la démocratie matérialiste et paritaire, la démocratie des Lumières.

L’actualité de ce Sommet est à une nouvelle alliance avec la nature. Pourtant, ici, dans cette « Tente des femmes », ce dont les femmes parlent, ce sont des femmes, d’elles-mêmes et des populations. Et je me disais qu’il aurait peut-être fallu commencer par faire un Sommet des populations puisque le premier environnement de l’être humain, c’est la chair et le corps d’une femme. Ce premier monde n’est pas qu’un vivant biologique, c’est un milieu naturel et culturel, physiologique, mental, verbal, inconscient, où se forme et grandit l’être humain ; c’est un monde symbolique aussi. Les femmes n’ont pas seulement inventé l’agriculture, comme l’ont dit celles venues d’Inde et d’Orient, mais, archives et archivistes, génitrices et gynéconomes, pages d’histoire et historiennes, elles réinventent chaque jour la culture du vivant parlant pensant.
Face à l’envie et à l’exploitation qu’elle produit, l’urgence pour les femmes est de se réapproprier l’utérus et d’en élaborer une symbolisation à partir de leur expérience. C’est aux femmes qu’il appartient de faire la théorie de la génitalité que Freud a tentée mais à laquelle il n’est pas parvenu, fixé qu’il est resté à la névrose obsessionnelle, c’est-à-dire au moi. Il y a deux sexes. Il ne s’agit pas de deux genres mais de deux sexes qui conjuguent leur libido à un stade qui n’a pas encore été théorisé par la psychanalyse, le stade génital sans cesse refoulé ou renvoyé à plus tard par le stade phallique qui ne connaît pas la différence des sexes.
Gide se plaignait de ce que, disait-il, « nos fils ne viennent pas », mais avec les femmes, viennent les filles et les fils. Je pense que la sublimation de la gestation et de la libido utérine est la chance de surmonter l’envie d’utérus qui anime les hommes, mais aussi les femmes, et qui fera d’elles la promesse qui peut être tenue. Des femmes en leurs filles, en ce qu’elles ont cette capacité d’anthropocultrices, peuvent sans doute penser une généalogie dont le temps ne se clôture pas dans l’œdipe ni dans le retour à l’objet premier qu’est le corps de la mère, auquel il faudrait sans cesse revenir, qui serait sans cesse à rejeter, et dont il faudrait se détacher.
« Qu’appelle-t-on penser ? » C’est incarner l’humanité, l’expérience. Je pense que la libido utérine est justement le paradigme de la capacité à recevoir, à accepter, à tolérer, à donner lieu, à donner temps au corps étranger et à l’autre, qui n’en est pas un. Les femmes ne sont pas les autres de l’Un, et faire un enfant, c’est faire un être à venir qui n’est pas non plus l’autre de la mère. C’est un vrai pluriel. Dans la gestation, il y a spontanément du deux. Personne n’est l’autre de l’un ou de l’une, c’est cela l’humain. L’enfant à venir ou l’œuvre à venir est un sujet qui vit sa vie, qui travaille et qui pense, au-delà même de ce que la mère, l’artiste ou le poète avaient pu penser. La création génitale est le lieu de toute création de génie. Lacan disait qu’un être de génie est celui qui met au monde un objet qui n’existait pas avant lui. Le génie des femmes est cette capacité de faire venir au monde cet objet génital unique, comme un sujet absolument vivant, pensant, parlant.
Il ne suffit pas de mener une lutte anti-capitaliste, il faut, pour mener une vraie lutte anti – andro-ego-phallocentrée, surmonter cette envie et passer à la gratitude. Ce faisant, les femmes se posent comme force de proposition universelle et non pas comme alternative ou comme autre à quoi les confine la métaphysique.
Je crois que, si la forclusion ne fait pas son méchant travail de haine et de destruction, c’est le temps de l’alliance et de la gratitude à l’égard de nos mères, de nos filles, de toutes les femmes que nous sommes, et de la part femme de chacune et chacun d’entre nous. Entre le contrat social et le contrat naturel que nous proposent les écologistes, pourra se situer un contrat humain qui renoue avec ce qui est peut-être le lieu de l’éthique, le lieu de notre origine évolutive et évolutionnaire, la chair conceptuelle comme élément vivant, parlant, pensant, intelligent.
Le génie, la génitalité, la génialité sont à reconquérir, et c’est l’enjeu du XXIe siècle…

 

[1] Le Monde du 2 juin 1992, entretien avec Emmanuel Levinas : « Il nous est indispensable à nous Occidentaux de nous situer dans la perspective d’un temps prometteur ».

[2] En mars 1992, la Cour Suprême a fait prévaloir le droit à la vie de la mère et infirmé l’interdiction faite à la jeune fille par la Haute Cour de quitter le pays. Plus tard, en novembre 1992, au terme d’un triple référendum, la loi a reconnu le droit de se rendre à l’étranger pour avorter et le droit à l’information sur l’IVG sur le sol irlandais, mais le droit à l’avortement a été limité dans le pays même au seul cas où la vie de la mère est en danger. Aucune ouverture n’est intervenue depuis lors.

[3] Les Portugais ont, le 11 février 2007, adopté par référendum, avec 59,3% de oui, un projet de loi légalisant l’avortement jusqu’à la dixième semaine de grossesse. Cette loi mettra fin à l’une des législations les plus répressives de l’Union européenne.

[4] Nicole Loraux, Les Enfants d’Athéna, Maspero, 1981.

[5] L’article 64 est devenu l’article 121-3 dans le nouveau Code pénal de 1994. La formulation actuelle est la suivante : « Il n’y a point de crime ou de délit sans intention de le commettre ».

[6] Deux ans après la loi sur la parité, cette interdiction a été en grande partie levée avec la loi du 4 mars 2002 en vigueur depuis le 1er janvier 2005. Désormais, en France, les parents peuvent donner à leur enfant « soit le nom du père, soit le nom de la mère », soit « leurs deux noms accolés ». Il subsiste qu’en cas d’absence d’option ou de désaccord entre les parents « l’enfant prend le nom du père ».

[7] S’il n’existe toujours pas de véritable loi contre la misogynie, celle du 30 décembre 2004 « portant création de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations » a intégré l’incrimination d’injure, de diffamation et de provocation à la discrimination, à la haine et à la violence, en raison du sexe, dans son titre III : « Renforcement de la lutte contre les propos discriminatoires à caractère sexiste ou homophobe ».

[8] La loi du 15 mars 2004 sur la laïcité, limitant le port de signes religieux dans les établissements publics d’enseignement s’est, depuis, montrée plus soucieuse des droits des femmes.

[9] Il aura fallu attendre l’an 2000 pour que soit réalisée la première grande enquête nationale d’envergure sur les violences envers les femmes (ENVEFF). Elle a notamment montré que près de 10 % des femmes interrogées avaient été victimes de violences conjugales dans les douze mois ayant précédé l’enquête. Début 2007, une étude nationale de la Direction générale de la Police et de la Gendarmerie a révélé qu’en France, une femme au moins meurt tous les trois jours victime de la violence de son compagnon (chiffre 2006).

[10] Christine Fauré, La démocratie sans les femmes, Essai sur le libéralisme en France, PUF, 1985

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