OUI À L’EUROPE
Gravidanza. Féminologie II, des femmes-Antoinette Fouque, 2007 (Poche, 2021)
Texte rédigé pour le Rassemblement des femmes pour le « oui » au Traité constitutionnel au Trocadéro, le 17 mai 2005.
Chère Élisabeth Guigou, chères amies, nous nous sommes battues ensemble pour le « oui » au traité de Maastricht.
Nous sommes, là, mobilisées depuis le 30 novembre 2004 ; nous avons lancé un appel dans Libération et depuis, organisé de nombreuses réunions.
Il y a beaucoup de raisons de dire « oui » à la Constitution européenne. Elles
ont été ou seront développées ici, dans ce rassemblement. L’une d’elles me tient particulièrement à cœur : c’est l’accroissement des pouvoirs du Parlement européen, la seule
instance démocratiquement élue.
Le Parlement européen est un lieu de liberté, de démocratie, d’ouverture. Il est accueillant aux femmes : dès avant notre loi sur la parité, il en comptait plus de 30%, seuil critique au-delà duquel on considère qu’une voix collective peut être entendue. Il est le lieu béni pour les Françaises qui y sont 43,6%, alors qu’elles ne sont que 12% à l’Assemblée nationale. Avec sa Commission des Droits des Femmes critique et créatrice, il veille à l’application des politiques en leur faveur et en impulse de nouvelles. Il est accueillant aussi aux personnalités atypiques, aux esprits libres : de Louise Weiss à Léonardo Sciascia, de Maria Antonieta Macciochi à Tahar Ben Jelloun.
J’ai été la première femme du MLF à y être députée en 1994.
Mon rêve serait que chacune ait la chance de participer à cette entrée des femmes dans l’histoire politique. Aujourd’hui, les femmes en mouvements peuvent devenir députées et rien n’interdit aux femmes députées de devenir des femmes en mouvements. C’est notre nouvelle condition historique.
Le traité constitutionnel que nous devons adopter renforce considérablement les compétences de l’Europarlement qui devient le sommet du triangle institutionnel formé avec la Commission et le Conseil. C’est du même coup les droits et le pouvoir agir des femmes qui se trouvent renforcés. Elles pourront, comme aujourd’hui, mais avec plus de force, en faire un relais de la lutte pour une Europe sociale et politique, laïque et solidaire. Il y a peu, la députée verte Magda Alvoet a pu soutenir jusqu’au succès l’offensive de l’Indienne, écolo féministe, Vandana Shiva pour stopper la biopiraterie de la firme américaine d’agrochimie qui avait fait main basse sur les graines d’un arbre de son pays.
Cette constitution, c’est le premier pas décisif vers une civilisation paritaire. On l’a vu à Pékin en 1995, c’est ce que veulent les femmes qui se tournent vers l’Europe de tous les continents. Il ne tient qu’à nous de poursuivre le mouvement. Je ne peux qu’y engager chacune. Pour les femmes de France, d’Europe, du Monde, manifestons-nous. Engageons-nous.
La raison en démocratie, le cœur en révolution : oui à la Constitution.