POURQUOI UNE FEMME EN TEMPS DE DÉTRESSE ?
Gravidanza. Féminologie II, des femmes-Antoinette Fouque, 2007 (Poche, 2021)
Texte paru dans Le Nouvel Observateur du 8 au 14 février 2007, dans le cadre d’un dossier intitulé « 100 femmes jugent Ségolène ».
Mon regard sur Ségolène est celui de la gratitude, de l’amour non ambivalent d’une mère pour sa fille d’élection, sa contemporaine.
Depuis septembre 2005, elle est, pour les militantes de l’Alliance des Femmes pour la Démocratie, la candidate de la Raison et du Cœur. Lucide et discipliné, son parti l’a confirmée. Il ne saurait lâchement la désavouer sans porter atteinte à l’honneur de ses électeurs et électrices.
Les pédants analphabètes parlent de « trous d’air ». N’entendent pas sa langue. Refusent sa manière, sa méthode. Ils feraient bien de l’écouter, de se cultiver, de lire davantage. Par exemple, ce poème de Rilke dans « Pourquoi des poètes en temps de détresse ? [1]» Il s’intitule « Gravitude ». Ils trouveraient la réponse à cette question : « Pourquoi des femmes en temps de détresse ? » Pourquoi cette femme ?
Cœur battant d’un plus large cercle, elle est l’incarnation, la représentation, la symbolisation de Marianne, de la République et de la France. Fin de l’Etat monarchique, viril et unisexe. Révolution de soi(e). Ouverture sur une VIe République, paritaire et démocratique.
A nous, hommes et femmes responsables, de lui donner la force et le courage de peser-penser le risque pour qu’elle parvienne où elle en a pouvoir.
[1] Heidegger, dans Holzwege, reprenant la question de Hölderlin, cite ce poème tardif de Rilke, Gravitude, qui me fait irrésistiblement penser à l’italien gravidanza, « grossesse », « gravidité »…