PRIVILEGES DE L’ORAL
Génésique. Féminologie III, des femmes-Antoinette Fouque, 2012 (Poche, 2021)
Texte publié dans la mensuelle Des femmes en mouvements n° 8-9, août-septembre 1978, numéro spécial sur la rencontre organisée par le MLF, à Saint-Rémy-de-Provence, en juillet.
Encore prédire, ou mieux, redire, femmes
de mouvements,
l’arrière-contrée d’avant ; ici,
comme une réminiscence anticipée.
Le mot s’accroche aux mots,
désenchaîne les maux que sa blessure
a liés : enfin, qu’il s’en déborde !
Mot dit à tout venant, parole à toute allante.
Quelques femmes naissaient sous les pierres,
ou les palmes ;
quelque femme a pu naître
et d’autres en d’autres lieux en auront connaissance
par des voies inouïes.
Elans, signes d’oral, ivresses nourrissones,
archicorps, chaos doux, couleurs vocalisées,
(et fluides s’y couler).
Logiques de nos lieux,
rythmes, cadences balancées, où
la danse.
Venir, de son vivant, par ces voix inédites,
effacements du pas – points d’eau ; traces de vents ;
envolées de sons lents au détour du sens fade ;
verbes en l’air pour les délices
à se délier d’un vain délire.
Elancements des rires et mouvances des dires.
Qui parle de délit, Homme de peu de Loi ?
Nulle violence, ici, à nul écrit.
Rencontres :
Ici, nous inviter, femmes, à nos paradis.
Préséance, sans précédent, de nos mémoires ;
à en jouir encore, demain et aujourd’hui ;
abondances d’aucun faux bond,
commencements émus, signes d’oral
privilèges du plus grand nombre.